Arts visuels: le pastel, un médium qui prend de la valeur au Cameroun
La ville de Douala a abrité le 27 juin 2025 du côté du Sawa Hôtel, une conférence débat sur l’art du pastel avec pour thème : le pastel comme objet de collection : quels enjeux de valorisation pour la chaîne du marché de l’art au Cameroun ?. Cette conférence qui a vu la présence de nombreux invités avec un panel constitué des professionnels de l’art tels que : Dr Roméo Fandio, Raïssa Njoya, Blaise Etoa et Diane Audrey Ngako a permis aux personnes présentes d’en savoir plus sur cet art et connaître les Camerounais qui valorisent celui-ci à travers le monde.
Dans son propos introductif, Raïssa Njoya, promotrice de cet événement, a tenu à rendre un hommage à Lionel Manga et Koyo Kouoh qui ont marqué l’art Camerounais car pour elle cette exposition est à leur honneur. Selon elle, « Ce qui a motivé justement la conférence, c’est parce qu’on est parti d’un principe simple. Les artistes ouvrent des conversations dans le cadre de leur travail et il nous revient en tant qu’organisateurs d’événements artistiques de prolonger cette discussion pour faire davantage comprendre ce qu’ils font. Donc c’est vraiment un outil de médiation culturelle et artistique. Et ce qu’on voulait aussi, c’était capitaliser sur les expertises du secteur parce que l’idée pour nous, c’est de créer des synergies, de ne pas seulement développer notre concept, mais de permettre aussi de capitaliser sur ce que les autres qui sont sur le terrain ont apporté. »
Pendant leurs différentes exposés, parlant de l’art du pastel, les différents panelistes ont insisté sur la vulgarisation de cet art et une valorisation de celui-ci et les acteurs comme Wilfrid MBIDA, Joël MPAH DOOH et Salifou LINDOU qui pratiquent déjà cela au Cameroun et font la fierté du 237. Pour Diane Audrey Ngako, « La grosse difficulté, en fait, avec le pastel, c’est que c’est un médium qui ne pardonne pas. Si vous vous loupez dans la colométrie, dans la technique, votre œuvre, en fait, elle est un peu foutue. Vous avez différents types de pastels. Vous avez le pastel gras, le pastel sec. Et c’est toute une sensibilité différente pour un artiste. Je pense que pour un artiste Camerounais, il y a de grandes ouvertures. Sur le marché de l’art internationalement parlant. Je crois que c’est aussi pour ça que Wilfried Mbida, aujourd’hui, elle est de plus en plus reconnue dans le monde. Parce qu’elle apporte de la fraîcheur et de la nouveauté. Depuis des années, tout à l’heure, on l’a dit, ça fait 5, 6, 7 siècles, que le monde de l’art a évolué avec le pastel. Donc, avoir aujourd’hui une artiste camerounaise qui raconte ce qu’est le Cameroun avec un médium que le monde entier connaît, ça apporte naturellement un plus parce qu’elle est entourée de personnes qui font beaucoup de figuratives, qui font beaucoup de dessins, naturellement avec de l’acrylique, qu’on adore, mais qui, finalement, pour certains, sont rentrées dans une case où on a l’impression de revoir les mêmes choses. Donc, ce que Raissa Ndjoha disait tout à l’heure, c’est que quand elle a mis les œuvres d’art de Wilfried Mbida, tout le monde s’est arrêté. Parce que le pastel a cette chose de créer chez nous des émotions. C’est un médium très poétique qui raconte naturellement des histoires »
Pour Dr Roméo FANDIO, « l’histoire du pastel révèle une plante à deux ans de durée de vie qui produit des grains après sa mort. Cette plante, utilisée pour fabriquer des pastels naturels, met en évidence la relation entre l’art et l’écologie. Face à la demande croissante, des pastels synthétiques ont été créés pour répondre à un marché plus large, mais les pastels naturels, bien que plus coûteux, offrent une alternative qui valorise la relation avec l’environnement. Ainsi, promouvoir l’art du pastel peut également promouvoir une conscience écologique et environnementale. »
Blaise Etoa souligne que « l’art du pastel est une technique ancienne mais peu reconnue qui nécessite une grande technicité et offre un rendu unique en termes de couleurs et de lumière. Malgré sa discrétion, certaines œuvres au pastel atteignent des prix élevés sur le marché de l’art. Dans la création contemporaine camerounaise, des artistes tels que Salifou LINDOU, Wilfried MBIDA et Joël MPAH DOOH utilisent cette technique pour produire des œuvres extraordinaires. » Cette discussion a permis de réfléchir sur la place de l’art dans la société, notamment en tant que créateur de sens et producteur de liens sociaux, dans un contexte de recherche de voie pour le Cameroun et de souveraineté populaire à venir. Cette conférence est une des articulations qui a marqué 3 jours d’activités à une immersion dans l’univers du pastel, à travers une exposition d’art contemporain au Cameroun.
