Au risque que se noyer, Chapitre I
Mon alarme retentit, me faisant sortir d’un sommeil réparateur. Il était affiché 6h sur le réveil. Il était temps de reprendre mes bonnes vieilles habitudes, me disais-je intérieurement avant de me lever de mon lit. J’enfilai un short noir sur ma petite culotte en dentelle de la même couleur. Je dormais toujours ainsi avec un débardeur. J’allai dans ma salle de bain afin de me débarbouiller un peu avant de descendre. Adrian devrait déjà être debout. Il était très matinal.
Ma chambre se trouvait à l’étage, comme toutes les chambres de la maison d’ailleurs. Mais la mienne était la première sur la gauche lorsque l’on gravissait les marches des escaliers. En ouvrant ma porte je tombai sur mon frère qui venait lui aussi de se réveiller, d’après sa tête d’enterrement. Apparemment la nuit dernière a eu des séquelles sur certains. En effet, Claire et Sarah avaient fait des petits fours et Derek comme à son habitude avait apporté de l’alcool pour fêter mon retour. Après trois verres je m’étais arrêtée mais il fallait avouer qu’Adrian avait un peu tiré sur l’excès, d’où sa tête d’enterrement.
Au risque de se noyer-Chapitre I
- Bonjour ! Me dit-il en déposant un baiser sur le haut de ma tête, vu notre différence de taille.
- Bonjour ! Dis-je un peu amusé par sa voix qui fut un peu aigu, bien que j’imagine ce n’était pas voulu.
- Je ne te permets pas, termina-t-il avant de dévaler les escaliers, après s’être raclé la gorge sachant pertinemment pourquoi je riais. Et, Je le suivis de près.
Arrivés à la cuisine, on remarqua Claire, assise à boire du café, en tenue de sport. Ses cheveux sombres étaient arrêtés par un élastique fin. Quand elle sentit une présence étrangère dans la pièce, elle leva les yeux sur nous et se mis à sourire.
- Je t’attendais, commença-t-elle à parler en ma direction. Je me disais qu’on irait faire un tour, comme au bon vieux temps. Qu’est-ce que t’en pense ?
- J’y avais pensé mais je ne savais pas si tu comptais y aller avec moi. Je me disais que peut-être tu avais dû commencer à aller courir avec quelqu’un d’autre. J’ai été absente pendant longtemps tout de même.
- Depuis ton départ, elle a arrêté de courir dont ça me fait plaisir de la revoir en tenue de sport. Dit Adrian un peu taquin, en piquant une pomme sur la table. Et en plus tu es toute sexy à l’intérieur ma belle, commenta-t-il à son encontre. Il voulut l’embrasser mais elle le repoussa gentiment.
- Si tu veux ton bisou matinal, vas d’abord prendre une douche et te brosser les dents. Tu pues l’alcool. Elle le repoussa et repris sa tasse entre ses mains. Il émit un grognement et sortit.
- Tu vas me le payer, l’avons-nous entendu dire de la cuisine alors qu’il gravissait les marches des escaliers. Leur petite scène matinale me fit sourire.
- Tu prends ton thé, tu te prépares et puis on y va, d’accord ?
- D’accord chef ! Répondis-je avant de me servir une tasse de thé qu’elle avait préalablement préparé juste pour moi.
Au risque de se noyer-Chapitre I
Elle savait que je détestais le café. L’odeur de cette boisson me donnait des nausées. Quelle belle petite attention. Je me dépêchai de me préparer et quelque minute plus tard, nous étions dehors. Il manquait une personne mais c’était aussi bien de pouvoir discuter avec Claire. Elle est une jeune femme très agréable et on ne s’ennuyait jamais avec elle.
***
J’étais dans ma chambre en train de lire Le Troisième Prénom d’Anna Holahalan. C’est un roman que j’aime particulièrement. On frappa à la porte de ma chambre. Mon frère glissa discrètement sa tête dans la pièce.
- Je te dérange ? Me demanda-t-il
- Non pas vraiment, pourquoi ?
- Nous sortons, tu viens avec nous ?
- Où allez-vous ?
- Au Groove Nurton, un club qui a ouvert dans la ville il y a à peu près quatre mois. Nous y serons tous. Derek, Evan, Damien, Matt, les Jemlins, Claire et moi. Alors, tu viens ?
- Non, je préfère me reposer. J’ai eu ma dose d’alcool hier.
- Si tu le dis. Mais si tu changes d’avis tu n’as qu’à nous rejoindre. Tu pourras trouver le lieu sur Google Map.
- D’accord. Je vais voir. Je termine mon roman. Bonne soirée !
- Bonne soirée p’tite sœur !
Il ferma ma porte. Quelques minutes plus tard j’entendis la porte d’entrée être verrouillée et le voiture démarrer.
Au risque de se noyer…
Une heure plus tard j’avais terminé mon roman et je m’ennuyais. Je me décidai d’aller les rejoindre. Puis, Je m’apprêtai pour sortir. Je mis un jean bleu foncé avec une chemise toute blanche et une petite All Star demi-saison aux pieds. Je fis un léger maquillage, pris mon petit sac à motif de panthère, ramassa mon trousseau de clé que m’avait donnée Adrian dans la journée, éteins la lumière et sortis. Au dehors je me mis à héler des taxis. L’horloge sur mon téléphone affichait 20h47 quand un taxi s’arrêta devant moi.
- Groove Nurton, dis-je tout simplement.
- Allons-y ! Répondit le chauffeur du véhicule.
Le trajet se passa dans un silence. Pas de ceux embêtant, mais un silence apaisant. Environs quinze minutes plus tard, le taxi se gara devant un bâtiment, me disant qu’on y est. Alors je payai ma course, descendis du taxi et me mis à marcher vers l’endroit qu’on m’a indiqué être le « Groove Nurton », d’ailleurs c’était écrit tellement grand qu’on pouvait apercevoir l’enseigne à des kilomètres.
Une fois à l’entrée, on me demanda un identifiant pour s’assurer de ma majorité. Il avait toujours été difficile pour les gens de croire en mon âge. Apparemment j’avais un visage de bébé. Ma mère m’appelait « son amour d’ange » car elle disait que le premier jour qu’elle m’a prise dans ces bras, elle a ressenti un amour qu’elle n’avait point connu auparavant. Et, aussi parce que je n’avais jamais perdu mon visage de bébé.
Je m’introduisis dans la salle. L’ambiance y était comme dans la plupart de ce genre d’endroit. La boisson coulait à flot, des jeunes collés les uns les autres dans des coins, discutant, s’embrassant. Je commençai à m’avancer à la recherche de la bande, sans succès. Il n’y avait aucune trace d’eux. Auraient-ils changé d’endroit ? Me demandai-je. Je continuai ma recherche.
Au risque de se noyer…
Après près de 15 minutes de recherche sans succès, je voulus sortir, pour appeler Adrian afin de savoir où ils étaient passés. Un bruit attira l’attention de tout le monde. Un jeune homme se faisait crier dessus par le barman et des videurs commençaient à s’approcher de la scène. Je voulus m’en aller quand je l’eus reconnu. Eh merde ! Je ne pouvais pas le laisser là. Je m’avançai en me faufilant vers le petit groupe qui s’était déjà formé. Un des videurs l’arrêta violemment par le bras pour le mettre dehors, mais je le retins.
- Je le connais. Je vais me charger de le ramener, pas besoin de le violenter.
- Bon débarras et qu’il ne remette plus les pieds ici si c’est pour occasionner ce genre d’ennui.
- Ça ne se reproduira plus, vous avez ma parole ;
- J’espère bien, conclut le videur en s’en allant avec son collègue aussi baraqué que lui.
Je le portai du mieux que je le pouvais jusqu’à la sortie. Je stoppai un taxi avant de me rappeler que je ne connaissais pas où il vivait. Dans quelle merde m’étais-je trempée ? J’aurais mieux fait de rester à la maison.