La restructuration de la banque se poursuit. L’Etat, détenteur de 98% des parts depuis la mise sous administration provisoire de la banque fondée par Yves Michel Fotso n’est plus actionnaire qu’à 17%, après avoir cédé 30% de ses actions à la Bourse des valeurs mobilières d’Afrique Centrale (Bvmac) dont le siège est à Douala. Il est également prévu que 51% des parts seront revendus à un actionnaire de référence, tandis que la compagnie d’assurance Nsia continuera de détenir les 2% restants de parts d’actions.
On assiste pour ainsi dire à la fin du processus de redressement de l’établissement de crédit ayant appartenu jadis au golden boy Yves Michel Fotso. Un redressement que des experts disent avoir été mené avec succès par les pouvoirs publics, puisque au 31 décembre 2020, la CBC affichait un Produit net bancaire (provisoire) de 24,378 milliards et des provisions de 6,62 milliards et un bénéfice de 3,604 milliards de FCFA, soit une hausse de 30% par rapport à 2019 où le bénéfice était de 2,5 milliards. Bien plus, la CBC a accordé des crédits à hauteur de 316 milliards de FCFA, sur les 320 milliards de dépôts collectés. Sur le plan fiscal, la CBC c’est une contribution de 723 millions d’impôts sur les sociétés, et 400 millions de FCFA d’impôts et taxes. Les charges liées au personnel quant à elles s’élèvent à 6,5 milliards de FCFA.
Et comme pour ne rien laisser inachevé, le Cameroun qui n’avait pas toujours accordé suffisamment d’égard à ses engagements au sein de la CEMAC, a montré patte blanche cette fois-ci. Autrement, la restructuration de la CBC s’est achevée sur une note de respect par le Cameroun de ses engagements communautaires, les pays de la CEMAC s’étant engagées en 2018, à céder en bourse, dans le cadre de programmes de privatisations, leurs participations dans le capital des entreprises publiques, parapubliques ou issus de partenariats public-privé, afin de renforcer le rôle du marché financier dans le financement des économies de la sous-région.
C’est en 2018 que le gouvernement camerounais, signe avec les dirigeants de CBC un contrat de performance sur 3 ans (2018-2020) avec pour objectifs :
- asseoir dans l’établissement un cadre de gouvernance conforme aux bonnes pratiques ;
- parvenir à une consolidation de l’assise financière de la banque au regard des normes prudentielles en vigueur ;
- préparer l’ouverture du capital de la banque au profit des investisseurs crédibles, conformément à l’engagement de l’État, actionnaire majoritaire.
Au plan financier, la banque devait conserver un certain niveau de profitabilité et honorer les ratios prudentiels. Il lui était exigé de détenir des fonds propres nets corrigés de 15,529 milliards FCFA en 2020 contre 12,016 milliards en 2017, 12,937 milliards en 2018 et 14,097 milliards en 2019. Toujours dans le cadre de ce contrat de performance, le résultat net bancaire devait se situer à 1,803 milliard de FCFA en 2018, 2,11 milliards en 2019 et 2,603 milliards en 2020. S’agissant des dépôts ceux-ci devaient être de 215,480 milliards FCFA en 2018 contre 172,384 milliards FCFA en 2017.
À l’heure du bilan, la CBC est une banque qui a dépassé ses objectifs contractuels. Sortie de la restructuration en 2016, la Banque remplit bien ses obligations avec des résultats nets positifs de 1,5 milliards, 2,5 milliards et 3,6 milliards réalisés respectivement en 2017, 2019 et 2020. La banque ambitionne même de porter son capital à 16,5 milliards.
Salvador Salifu Yessu, avec Eco Matin