Après cinq ans de bataille judiciaire, Pr Bruno Bekolo Ebe et deux de ses coaccusés respirent, désormais, l’air de la liberté depuis le mercredi, 24 mai 2023.
Le juge du Tribunal criminel spécial (Tcs) a finalement rendu le verdict final dans l’affaire liée aux supposés de détournements de deniers publics pour laquelle ils avaient été mis en jugement. Huit charges à titre individuel englobant le supposé détournement de 161 millions de Fcfa avaient été retenues contre l’ancien patron de l’Université de Douala. Il y avait aussi une supposée coaction de 2,1 milliards de Fcfa avec l’ex-agent comptable, Fon Ruben Akoumah en fuite aujourd’hui condamné à vie. Mais Pr Bekolo Ebe avait obtenu l’annulation de toutes les “fautes de gestion avec incidence financière” du rapport évoqué devant le tribunal administratif du Centre en décembre 2020.
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L’accusation reprochait à l’ancien recteur d’avoir cosigné des chèques ayant permis d’effectuer des retraits d’argent dans les comptes bancaires de l’université sans s’assurer du reversement desdits fonds dans les caisses de l’institution, ni présenter les pièces justificatives de l’utilisation de cet argent. Toute chose qui l’a rendu “comptable de fait”, selon l’accusation. Mais au bout du compte, cette charge a été aussi rejetée.
Rappelons que Bruno Bekolo Ebe, Ayina Ohandza et Mboudou avaient été interpellés, tous les trois, en mars 2018 pour des détournements présumés de fonds publics. Tous avaient été inculpés et écroués à la prison centrale de Yaoundé. Interné aujourd’hui à l’hôpital général de Yaoundé, l’ancien recteur de l’Université de Douala, qui recouvre, cinq ans après ce tourbillon judiciaire, sa liberté, a clamé, lors de l’avant-dernière audience, qu’il est victime de la vengeance. Il fait savoir que sa famille est, aujourd’hui, en lambeaux à cause de cette affaire judiciaire non-fondée. Bekolo Ebe dit avoir perdu son frère cadet qu’il n’a pas hésité à mettre à la disposition de la justice dans le cadre de l’affaire de détournement.
“Par mes diligences, la chambre criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) du Wouri a été saisie et ma famille est, aujourd’hui, en lambeaux en raison de la dénonciation que j’ai faite de mon propre frère qui, suite à cette dénonciation, s’est donné la mort”,
indique l’ex-recteur qui poursuit :
“Plus grave, plus douloureux et plus dur à vivre pour moi, alors que j’étais privé de ma liberté d’aller et venir, j’ai perdu mon épouse qui n’a pu supporter l’avanie de ma détention et que je n’ai même pas pu accompagner jusqu’à sa dernière demeure”.