Analyse critique de NEW: Jay-N – Comme un retour de l’enfant prodige
Après avoir disparu des radars pendant près d’une décennie, pour des raisons diverses, il revient au devant de la scène musicale, avec un single tonitruant, annonciateur d’un nouvel album. Un de plus qui va s’ajouter à son escarcelle, après un premier en 2010, intitulé “Belive in your Dreams” et quelques maxi singles, dont “Je vise ” (2004), “I’m Danger” (2008), ou encore d’autres singles comme “Rock Star (2009), “I’m gonna fight” (2010). C’est dans cette lancée très en vogue dans l’univers de la musique camerounaise dite urbaine, que celui qui en est l’un des porte-flambeaux, commet le titre : “I’m back”, sorti précisément en juillet 2021.
Jean Noël MENYAGA, comme l’indique son état civil, est né le 14 décembre 1985, à Obala, non loin de Yaoundé. Il est élevé dans une famille monoparentale, par une mère au milieu de la grande famille maternelle et loin de son père, qu’il n’a pratiquement pas connu. Très tôt il est étreint par une passion dévorante pour la musique, tandis qu’il poursuit ses études jusqu’à l’obtention d’un baccalauréat. Avec ce dernier en poche, il décide d’assouvir et de nourrir quotidiennement sa passion et son appétence pour la musique, devenant au passage Jay-N. Jay-N composé à partir des initiales de ces deux prénoms. Désormais, le jeune prodige qui avait connu une adolescence difficile, nimbée de quelques mauvais choix, allait désormais donner une nouvelle orientation à sa vie et vivre pleinement sa passion, s’élevant dès 2002, vers des horizons éclatants de Star national ; mieux de Rock Star…
Effectivement, il est une véritable Rock Star, non seulement par sa façon de dérouler et de vivre sa Starmania, mais surtout par son orientation musicale ; une savante combinaison de RnB et de rock’n’roll. Au point de lui donner un nom : Rock’nB. Ce chemin épineux, serti d’incertitudes et de bravoure va être façonné au gré de rencontres et collaboration prestigieuses, notamment avec Djess Panebo ou encore Presby. Également au gré d’influence subie de la part de quelques grands noms de la musique, dont le très sémillant Yannick NOAH ou l’immense icône Michael Jackson, de qui il tire sa capacité à occuper une scène live. Sans ignorer de nombreux prix et trophées de musique glanés, à l’instar de Meilleur Artiste RnB et vidéogramme, à la deuxième édition du Mboa Hip-hop Awards.
Au demeurant, on assiste à un retour en verve d’une Star, dont la prodigiosité n’a d’égale que la prodigalité retentissante du grincement de la guitare électrique ou rythmique aux couleurs rock’n’roll. Il donne du sens à des rythmes partis dans les cales de négriers, ensuite ce sont transformés et ont conquis leur liberté et lettres de noblesse sur tous les continents, dans une nouvelle offre musicale, baptisée : “I’m back”. Cependant, à peine a-t-il signé son retour au devant de la scène, qu’il nous livre une œuvre époustouflante en rapport avec la CAN Total Energy 2021, que le Cameroun s’apprête à accueillir.
Au milieu de moultes propositions qui fusent de partout, Il y a surtout ce quelque chose de magique que nous sert Jay N : “Let’s play”. Alors jouons à mettre cette œuvre en perspective. Somme toute, c’est ici que Jay N étale toute la substance de son écriture musicale Rock’nB. Une intro avec ce grincement ronflant et percutant de guitare électrique caractéristique du rock’n’roll. Ensuite, on a l’impression d’une balade à la limite de l’acoustique dans le registre RnB, puis un jet de puissance explosive sur le refrain, “Let’s play ooo”, dans un Rock délirant. And so and so on. C’est tout simplement électrisant, à vous provoquer des décharges électriques d’une puissance extraordinaire, on dirait Mick Jagger, alors en pleine possession de ses moyens. Cette alliage savamment orchestré de cette polyphonie asymétrique, s’ajoute à sa forte teneur d’effets rythmiques, qui prêtent à la fête. Que nulle doute, que ce morceau peut bien occuper une place de choix parmi de nombreux autres servis pour animer cette compétition. On a vraiment envie de se déchaîner sur ces notes tonitruantes.
D’aucuns diraient que c’est assez loin des racines musicales africaines, surtout si l’on voit en la musique Rock, uniquement sa tendance domestiquée en Europe de l’ouest, sous l’impulsion des monstres sacrés comme les Rolling Stone de Mick Jagger. Qu’il ne faut surtout pas oublier, que cette musique qui découle du rythm and blues, également ancêtre de ce qu’on nomme aujourd’hui RnB, est à la base une des nombreuses musiques noire, cultivée dans les champs de coton ou au milieu des gratte-ciel de Chicago ou New-York, au sein de la communauté afro black états-unienne, réminiscence de celles africaines, qui ont effectué la traversée de l’Atlantique dans les cales de négriers. D’ailleurs, il faut saluer le génie de l’artiste Camerounais qui de la sorte, réalise une prouesse fabuleuse de concilier deux phénomènes musicaux issus d’une même souche organique, mais qui se sont dispersés dans des directions apparemment inconciliables. C’est la marque de grandes Stars et vraiment, il mérite de figurer parmi elles.
Maintenant, il est attendu mieux que quelques titres éparses distillés à dose homéopathique en single, le véritable album, pour savourer toute la palette musicale dont il est capable. Déjà qu’on peut valablement se satisfaire de l’offre musicale de notre Star.