Patrick Alex Daheu donnait une nouvelle vie ce 4 novembre au chef-d’œuvre « Chemin de fer » de Julien Mabiala Bissila à l’Institut Français du Cameroun de Douala. Sous le regard émerveillé et conquis de la foule, il a présenté un spectacle qui associait théâtre et installation. Sa performance aura suscité de la stupeur, des rires, des applaudissements et surtout des questionnements autour d’un sujet aussi actuel que la guerre et ses vices.
Déroulement de la soirée du spectacle
À 19 heures, les spectateurs qui empliront la salle de spectacle de l’IFC sont réunis autour de trois personnages du spectacle créé avec du ruban adhésif, des cartons et du plastique exposés au hall d’entrée. Dans un esprit de communion, ceux-ci prenaient la parole pour partager leurs pensées et leurs observations. La curiosité des uns et des autres s’est portée immanquablement sur ces figures installées dans des postures intrigantes.
Entrant dans la salle de spectacle avec discipline, le public découvre une silhouette mouvante sur la scène. Tous et toutes se trouvent une place assise, les yeux rivés sur l’inconnu en face. Le chemin de fer démarre, Patrick Alex Daheu se dévoile dans un décor glacial et frénétique avec des sculptures allongées qu’il relève au fil de sa prestation pour leur donner la parole et mettre en scène leur mort.
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La scène s’illumine, s’assombrit brusquement, s’éclaire progressivement, s’assombrit partiellement. Les lumières viennent et repartent ou éclairent des personnages de l’œuvre représentée. Au milieu de ce jeu entre le jour et la nuit, le visible et l’invisible, Patrick Alex Daheu dialogue avec des cadavres, des clients à la mort, des vivants absents, des victimes de la violence et des bourreaux. Mais surtout, il échange avec les spectateurs. Il décrit une vision de la guerre, les rencontres, les déboires des civils pendant la guerre. Il parle de philosophie, de psychologie, de littérature, de biologie, d’intimité.
Le scénario se peaufine. D’abord un professionnel de la santé probablement bipolaire dans une morgue. Ensuite, un passager zélé et sûrement trop curieux dans un train conduit par un gamin insouciant. Enfin, mais pas vraiment, une cible égarée pourtant chanceuse entourée de personnes très insouciantes et pas très malines. Entre ce chaos ordonné, il y a Hamlet ou Henriette, bref, sa mère qui n’a jamais vraiment été présente sauf peut-être dans son esprit.
Fin du spectacle. Le héros est vivant et/ou mort, il semble avoir survécu à tout, sauf à la guerre et à ses responsabilités non accomplies de père. Le public est debout, en extase. Cependant, des questions restent en suspens. Au fait, pourquoi petit à petit ne peut-il pas être un oiseau ? A-t-il conclu avec Maria Kalache ? On le saura peut-être après le prochain spectacle de Patrick Alex Daheu.
L’équipe derrière le projet
Pour une performance de 1 heure 10, mise en scène et scénographiée par Patrick Alex Daheu, c’est toute une équipe soudée qui a porté le projet sous l’administration de Ludovic Champlains Ngahenou. À la direction d’acteur se trouvait Becky Beh Mpala. Par ailleurs, Brisse styles and co s’est chargé de des costumes. Le projet a également bénéficié de la collaboration à la scénographie de Sky Day De même, Hervé Abat Mebanga a porté la responsabilité de la régie tandis que Skrim a géré la création sonore.
Pour produire ce projet artistique, l’Association Sassayé s’est mis au four et au moulin afin d’accompagner au mieux l’interprétation de Patrick Alex Daheu, soutenu par l’Institut Français du Cameroun, antenne de Douala.