C’est sur le site archéologique de Gohitafla dans le Département de Zuénoula, situé au centre de la Côte d’Ivoire, dans la vallée du Marahoué, près de la ville de Bouaflé que ces statuettes anthropomorphes et zoomorphes, en pierre de latérite sculptée, ont été découvertes en 1980 par un couple de paysans. Pièces d’exceptions sur socle, ce sont les têtes les plus imposantes qui aient jamais été trouvées, avec un poids de 40 kilos.
Ces mystérieuses sculptures dont l’origine remonte à une période comprise entre 5000 ans et 3000 ans avant J.C. et dont l’usage reste encore inconnu, posent de nombreuses questions, comme celle de leur usage ou de leur fonction dans la société primitive. Au-delà, ces pierres témoignent du passé de la Côte d’Ivoire qui apparaît comme une terre de vieille civilisation.
Il ya quelques mois à peine, l’Ambassadeur Maurice Kouakou Bandaman était encore Ministre de la Culture et de la Francophonie en Côte d’Ivoire, c’est dire que les questions relatives aux biens culturels lui tiennent à coeur.
Selon le Dr. Hélène Kienon Kaboré, chef du département d’archéologie de l’Institut des sciences anthropologiques de développement (Isad) de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, « Des prospections archéologiques générales du pays pour lutter contre le pillage et le trafic illicite des vestiges archéologiques de la Côte d’Ivoire, deviennent de plus en plus nécessaires, et ce dans le but de les sauvegarder ».
Les découvertes de Gohitafla ont été connues du grand public grâce à l’ouvrage du professeur Niangoran Bouah, “Le Trésor du Marahoué “, qui recense de nombreuses autres œuvres provenant du pillage de ce site archéologique.
D’ailleurs une liste rouge des biens culturels Ouest-Africain en péril a été constituée. Elle n’est pas exhaustive mais d’importantes pièces d’œuvres d’Art de l’Antiquité Africaine y figurent. Les biens listés sont des objets inventoriés au sein de collections d’institutions reconnues. Ils permettent d’illustrer les catégories de biens culturels les plus exposés au trafic illicite.
L’Afrique de l’Ouest a subi, au cours de son histoire, de lourdes pertes de son patrimoine culturel. Le Conseil International des Musées (ICOM), grâce au soutien du Département fédéral de l’intérieur de la Confédération suisse, de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine ainsi que du Département d’État des États-Unis, publie régulièrement cette liste rouge mise à jour des biens culturels ouest-africains en péril. Ces derniers, bien que protégés par différentes législations nationales et accords internationaux, risquent d’être commercialisés sur le marché illicite de l’art et des antiquités, comme c’est ici le cas avec les pierres sculptées de Gohitafla. Le but même de cette liste ouest-africaine est de garantir aux générations futures l’accès à ce précieux patrimoine.
Musées, maisons de vente, marchands d’art et collectionneurs sont exhortés à ne pas faire l’acquisition d’objets semblables à ceux présentés dans la liste, sans avoir vérifié au préalable, et de façon minutieuse, leur provenance ainsi que la documentation légale correspondante. Tout bien culturel susceptible de provenir de cette région doit faire l’objet d’une attention particulière et de mesures de précaution avant toute éventuelle transaction.
Il faut rappeler que les certificats d’origine ou d’authenticité des œuvres d’arts sont délivrés exclusivement par les autorités nationales des pays concernés, de même que tout document relatif à l’exportation et à l’importation de biens culturels.
Et si jamais vous soupçonnez qu’un bien culturel provenant d’Afrique de l’Ouest a été volé, pillé ou exporté illicitement, vous pouvez prendre attache le Conseil international des musées (ICOM) au 22, rue de Palestro, dans le 2 ieme arrondissement de Paris ou par mail illicit-traffic@icom.museum.