L’artiste camerounais a présenté ce 16 avril à l’espace doual’art son nouveau projet artistique intitulé Théâtre des Corps, Drame de la Matière. Pensée comme une trilogie d’expositions monographiques, cette initiative marque une étape majeure dans sa carrière, célébrant une décennie de pratique artistique consacrée à la condition humaine, à la mémoire historique et aux systèmes d’exploitation des ressources.

Ce projet d’envergure, initié en collaboration avec la galerie AFIKARIS (Paris), l’espace doual’art et la galerie Annie Kadji (Douala), sera déployé entre avril et juillet 2025 à Douala et à Paris. Commissariée par la critique d’art Christine Eyene, cette série d’expositions propose un dialogue entre deux continents, en croisant peinture monumentale, sculpture, installation immersive et engagement politique.
La première exposition, Épigraphie des Corps, sera visible du 1er avril au 30 mai 2025 à la galerie Annie Kadji à Douala. Elle s’intéresse aux empreintes invisibles laissées dans les corps et les esprits par l’histoire coloniale, notamment à travers l’exploitation du cacao. En effet, l’artiste y interroge les logiques de domination économique qui ont figé le Cameroun dans une position de fournisseur de matières premières, sans accès aux moyens de transformation. Sculptures, peintures et immersion sensorielle permettent une relecture saisissante des impacts encore tangibles de cette histoire.
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Le second volet, Map of Resources, se tiendra du 18 avril au 12 juillet 2025 à l’espace doual’art. Jean David Nkot y transforme la salle d’exposition en un territoire minier symbolique. Des bustes bleus émergent de la terre, évoquant le cobalt et le labeur des corps invisibilisés. En outre, des formes minérales, enfermées dans des bocaux et surplombées de figurines inspirées des reliquaires Kota, interrogent la tension entre protection et contrôle, et révèlent les rapports de force liés à l’exploitation des ressources africaines.

Enfin, la dernière exposition, Théâtre des Corps, Drame de la Matière, sera accueillie par la galerie AFIKARIS à Paris du 22 mai au 21 juin 2025. En outre, elle poursuit la réflexion sur les ambitions politiques à l’origine de la conquête coloniale, et sur la manière dont les matières premières ont façonné les destins. Ainsi, l’artiste y mêle archives, pigments, terres cuites et figures humaines dans des scènes puissamment théâtralisées, entre naturalisme classique et esthétique contemporaine. Les sculptures en terre bleue, telles des fouilles archéologiques, incarnent les âmes dont l’histoire reste intimement liée à celle de la terre.
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Lors de la conférence de presse, Jean David Nkot est revenu sur la genèse et le sens de son travail. En effet, Il a tenu à rappeler. « Depuis 2015 à 2025 j’ai toujours fait des expositions », soulignant la continuité et la rigueur de son engagement artistique au fil des années. Et d’ajouter :
« Pendant longtemps j’ai toujours été cette personne qui prône ce rapport, ce lien fort qu’il doit y avoir entre le corps et l’espace parce que l’un raconte l’histoire de l’autre vice versa (…) Donc ce rapport entre le corps et l’espace est très important pour mettre en évidence toute la démarche artistique que je développe. »
À travers ce triptyque, Jean David Nkot ne se contente pas de célébrer ses dix ans de carrière. Il invite à une réflexion profonde sur les héritages coloniaux, les chaînes contemporaines de dépendance et les mémoires enfouies. Une œuvre puissante, à la croisée de l’art, de l’histoire et de la politique, qui confirme la place singulière de l’artiste dans le paysage artistique contemporain africain et international.