Le Pr Mintoume Clotaire Siméon, Chef de Département de Communication à la Faculté des Lettres et Sciences Humaines (FLSH) de l’Université de Douala, a été suspendu de ses fonctions par une décision rectorale (N°24-1431/UDO/VRCIE du 17 octobre 2024) en raison de graves accusations. Les motifs de cette suspension sont les suivants : harcèlement des étudiantes, manipulation des notes, et violation de l’éthique et de la déontologie universitaires.
Cette décision intervient à la suite de plusieurs plaintes d’étudiantes qui ont dénoncé des comportements inappropriés de la part du Pr Mintoume. Entre propositions indécentes aux étudiantes et trafic d’influence, le désormais ex-chef de département ne s’est pas fait des amis parmi les étudiants. Certains étudiants nous ont révélé que celui-ci aurait empêché leur soutenance de Master de se tenir et certaines étudiantes auraient même abandonnées leur parcours pour fuir le prédateur sexuel.
Parmi les témoignages recueillis, celui de Lisa Rosita, ancienne étudiante en Communication, révèle des faits troublants. Elle raconte son expérience marquée par des avances répétées, des pressions et des tentatives de manipulation de sa situation académique en échange de faveurs personnelles.
Selon Lisa, tout a commencé lors de la soumission d’une requête concernant ses notes. Alors qu’elle se rendait au bureau du Pr Mintoume pour des formalités académiques, celui-ci aurait profité de la situation pour lui faire des propositions inappropriées, allant jusqu’à la convier à des rendez-vous dans des heures inhabituelles. Lisa témoigne que, lors de ces rencontres, le Pr Mintoume se serait montré de plus en plus insistant, tentant à plusieurs reprises de la toucher, de l’embrasser et de la soumettre à ses avances sous prétexte de régler ses problèmes de notes.
Malgré les pressions, Lisa a tenté d’échapper à cette situation en informant son petit ami et en essayant de maintenir une distance avec le Pr Mintoume. Ce dernier, utilisant son influence au sein de l’université, aurait refusé de lui délivrer ses documents académiques, prétextant qu’elle « savait ce qu’il fallait faire » pour obtenir satisfaction.
Voici son histoire :
«Bonjour, je m’appelle Lisa Rosita, ancienne étudiante à l’Université de Douala, Communication.
Voici mon histoire. Quand on a changé l’ancien chef de département le Prof Evouna, j’avais certains petits problèmes de notes et comme tout étudiant il fallait faire des requêtes. Je suis allée faire des photocopies, je ne savais pas que c’était le nouveau chef de département, j’étais dans les nerfs, il fallait déposer les requêtes dans son bureau. Je ne savais pas que le Mr m’avait déjà remarqué, on faisait le rang, 4 à 5 personnes pouvaient entrer. Mais dès qu’il m’a vu à distance, il a commencé à dire jamais, une seule personne entre et quand tu entres tu fermes la porte.
Quand mon tour arrive, j’entre, il me demande de fermer la porte, il prend ma requête, il ne regarde même pas, il me dit juste d’écrire mon numéro sur la chemise et il demande d’expliquer mon problème, ce que je fais et il dit Ok. Après il se rend compte que je suis Bassa , il commence donc à me parler en Bassa, “tu sais préparer, tu sais faire ci , tu sais faire ça ?” Après il me dit “prend mon numéro, tu m’écris ou tu reviens demain à 14h” . Moi je n’avais pas encore compris la chose, j’ai dit ok je vais revenir demain à 14h.
Le lendemain à 14h je suis arrivée dans son bureau, et à cette heure à l’université presque tous les bureaux sont fermés et il n’y a plus trop de gens au département. Dès que j’arrive, il ferme son bureau, il baisse les nacos, et il commence à me dire de m’asseoir sur ses cuisses, il commence à me dire des choses, je dis ‘‘Ekie, comment ça je dois m’asseoir sur vos cuisses monsieur ?’’ . Il me demande d’abord “ton problème c’est quoi ?”, je lui dis mon problème, il touche son ordinateur et il me dit Okey, quand les PV vont sortir ton problème sera résolu. Il me dit donc assieds-toi sur mes cuisses, tu es une très belle femme et tout, il se lève, il me demande d’abord de l’embrasser, j’ai pris peur et j’ai commencé à lui dire que je ne suis pas venu pour ça, les trucs comme ça, et je lui dis que j’ai ma petite sœur qui m’attend dehors c’est où il a eu peur et a demandé pourquoi je ne lui ai pas dit que ma petite sœur est là? Il dit donc de l’appeler le soir, je ne l’ai pas fait.
Ce soir-là c’est lui qui m’appelle et demande où je suis, et dit qu’il faut qu’on parle.
Moi je connaissais déjà ce qu’il voulait et j’essayais de l’éviter au maximum. Au semestre 2 j’avais toujours un problème de note mais je partais avec ma copine, il faisait toujours ça genre une personne entre et tout. Il me dit “si je veux régler mon problème, je sais ce qu’il faut faire”. Moi je lui dis que je ne sais pas et il me dit “viens dans mon bureau seule demain” et toujours dans les heures bizarres.
Dès que j’arrive, j’entre toujours dans son bureau, il ferme la porte. Le monsieur a appuyé mes fesses, il appuie mes fesses, je me retourne et je lui dis que je ne suis pas là pour ça. Comme j’avais porté une robe en col V, il se lève il souffle sur ma poitrine, il me dit oh tu es très belle, etc. J’avais mon copain à l’époque qui m’avait demandé d’enregistrer le monsieur mais j’avais déjà toutes les conversations avant que je ne change de téléphone. Le monsieur a vu que je parlais fort, je parlais fort “Non-Monsieur je ne veux” et quand j’ai commencé à parler fort, il a ouvert la porte. Il me dit “Okey vas-y je vais voir comment ton problème va être réglé.”
Je devais reprendre le Niveau 2 à cause d’une seule matière sachant que quand tu as validé le premier semestre, au second semestre si tu as une matière avec 8.5 et plus on ferme . J’avais donc cette note là sur une matière et j’étais sûr qu’on allait fermer, le monsieur a fait en sorte qu’on ne ferme.
J’ai donné son numéro à mon copain pour l’avertir car je ne voulais pas mêler mes parents à ça et je savais que si je le faisais ça pouvait faire un gros problème et me clouer facilement comme il est influent à l’université. Mon copain l’appelle, il dit que c’est faux, il raconte les bêtises. Un jour nous sommes en classe et il me dit “tu penses que quand tu donnes mon numéro à ton copain ça va m’empêcher de faire quoi ? Tu connais ce qu’il faut faire pour régler ton problème”.
Je laisse, je ne veux plus me frotter à lui, j’essaie de l’éviter au maximum et je dis donc que je vais reprendre le Niveau 2 pour une matière. J’ai donc repris, et on était déjà à la fin du premier semestre en licence et moi j’étais au niveau 2.
Je veux tirer les quitus pour aller payer la pension du niveau 2, je constate qu’on a fermé ma note et je suis au niveau 3. Je m’en vais encore vers lui, cette fois-ci je n’étais pas seule, j’étais avec certains camarades de l’université de Douala. Je pars je lui demande comment se fait il que je veux tirer mes quitus je vois niveau 3 pourtant il m’avait dit qu’on ne ferme pas et que je dois reprendre pour cette matière. Il me dit que “si tu vois niveau 3 ça veut dire que tu es au niveau 3. Je t’avais dit que tu sais ce qu’il faut faire pour être à jour à l’université.”
Je lui dis comment il peut me faire les choses comme ça, niveau 3 ce n’est pas niveau 2 Je dois composer la licence, je ne connais rien du semestre parce que je n’étais pas là comment je vais faire ? Il me dit “gère comme tu peux gérer, je m’en fou, tu n’as pas voulu être sage”
Je pars je compose et j’échoue tout le premier semestre, je pars au rattrapage c’est là que je valide. Semestre 2 pareil je valide au rattrapage. Je n’avais plus de problème de note, pour récupérer le diplôme (attestation de réussite) c’était un problème, il fallait encore que je marche derrière lui et il cherchait toujours les petites occasions pour me tripoter dans son bureau, me faire des trucs et tout. Je ne suis même plus au pays, il a refusé de me donner mon document, il me dit que je sais ce qu’il faut faire pour avoir mon diplôme. Il m’a invité à plusieurs reprises à Ndogbong , à Ndokoti pendant les vacances je n’ai jamais accepté.
C’était donc pour dire aux filles de faire très attention à ce Monsieur Mintoume, c’est un malade, c’est un psychopathe. Comment se fait-il qu’un vieux père comme lui tripote une petite fille comme moi. Il a appuyé mes fesses dans son bureau ça m’a traumatisé »
Cette affaire a pris une tournure publique avec la suspension officielle du Pr Mintoume, marquant un signal fort de la part de l’administration universitaire. Le Recteur de l’Université de Douala, par cette décision, entend réaffirmer son engagement en faveur de la protection des étudiantes et du respect strict des normes déontologiques et éthiques au sein de l’institution.
Cet énorme incident qui entache l’image de l’université de Douala, met en lumière l’importance de renforcer les mécanismes de prévention et de sanction face au harcèlement en milieu universitaire. L’Université de Douala, comme toutes les institutions d’enseignement, doit continuer à œuvrer pour garantir un environnement d’étude sain et respectueux pour tous ses étudiants et étudiantes. Chaque étudiant devrait se sentir en sécurité à l’Université et non le contraire.