Au Risque de se noyer:: prologue : Andréa

Au risque de se noyer est une œuvre de Sorelle Kemayou, étudiante à l’université de Douala. Andréa est le titre du prologue de cette œuvre que nous vous ferons découvrir.

Sorelle Kemayou - Prologue:Andréa — Sorelle Kemayou

Andréa. J’étais dans le bus, assise au fond, avant dernier rang à gauche, côté fenêtre la tête colée sur la vitre, écouteurs aux oreilles, écoutant de la musique à fond. Je voulais m’évader, ne penser à rien, ne discuter avec personne. Etre juste là, loin pourtant entourée de monde. J’étais ailleurs et cela me plaisait ainsi. Je me foutais bien de ce qui pouvait se passer autour de moi. J’écoutais Rescue Story de Zach Williams tout en gardant les yeux fermés. Quelques minutes plus tard, je sentis le bus s’arrêter et j’ouvris les yeux. C’était mon arrêt. Je pris mes affaires et me mis à longer l’intérieur du bus afin d’en sortir. Une fois à l’extérieur, j’inspirai un grand coup.

Enfin de retour. Cette petite ville m’a tellement manqué mon Dieu ! Dis-je d’une petite voix, plus à moi-même qu’à quelqu’un d’autre avant de chercher à stopper un taxi.

Une fois arrivée devant mon ancienne demeure, je sortis du taxi, payai la course et me retournai vers cette porte qui représentait l’entrée de ma maison d’enfance. Cette maison était dans un quartier résidentiel où tous les domiciles avaient pratiquement le même design. Sauf que la nôtre était bien particulière. Ma mère était une femme assez attirée par l’originalité et détestait suivre la « norme ». Au fur et à mesure que j’avançais, je pus voir la petite table qui fut installée devant la porte d’entrée. Nous asseyions là pour lire la Bible chaque dimanche après-midi, après le culte. Que cette époque me manquait. J’eus un pincement au cœur en y pensant.

Plus je longeais l’allée, plus je me rendais compte qu’il y avait un calme sans pareille au-dedans de la maison, chose quasi impossible quand nous étions encore tous là. Je supposai alors qu’Adrian n’était pas. Et pas d’Adrian, pas de Claire. Super, ma surprise marcherait peut-être, pensais-je. En effet, j’avais prévenu mon frère de mon arrivée mais je lui ai demandé de ne rien dire aux autres car je voulais leur faire la surprise.

Mon frère avait deux ans de plus que moi. Il était assez grand, 1m80 en moyenne, ce qui faisait qu’il me dépassait d’au moins 10 cm car ayant 1m69. Nous nous ressemblions mais vaguement, peut-être cet air venait d’un de nos parents, ou des deux ? Nous ne le saurons vraiment jamais. Il était baraqué car grand sportif et faisait dans le design. S’agissant de Claire, elle était mon ainée de seulement cinq mois. Contrairement à mon frère très sportif, elle était une paresseuse et la seule activité qu’elle savait bien faire était le footing. Avant que je ne m’en aille, chaque samedi matin nous allions courir à trois. Que ces moments me manquaient.

Arrivée sur le perron, je me penchai vers le petit tas d’herbes juste à droite pour y prendre le trousseau de clé, comme me l’avait indiqué Adrian. Une fois dans mes mains, je m’avançai vers la porte d’entrée et enfonçai la clé dans la serrure. Chose faite, je continuai à avancer et allumai les lumières dans le hall d’entrée. J’y déposai mes valises avant d’avancer jusqu’au salon. J’appuyai sur l’interrupteur afin d’éclairer le salon.

« Surprise ! ».

Adrian et Claire se tenaient juste devant moi, tout sourire. Ils avaient des paillettes dans leurs mains et riaient face à mon air ébahit.

Mais… C’est MOI qui étais censée VOUS faire une surprise, dis-je les yeux grands ouverts
C’était mon idée, me dit Claire en venant me prendre dans ses bras. Adrian m’a parlée de ta venue et du fait que tu voulais me faire une surprise. Alors j’ai pensé que ce serait mieux de le contrecarrer. Finit-elle avec un large sourire affiché sur le visage
Ce n’est pas juste, dis-je faussement boudeuse à l’encontre de mon frère
Je suis désolé, se défendit-il en levant les mains au ciel.

Claire me lâcha et ce fut au tour d’Adrian de me prendre dans ses bras. Une fois séparés, je me mis à scruter les personnes présentes dans la pièce. Il y avait les jumelles Jemlins, Sarah et Heather, Derek et Evan, tous des amis à Claire et Adrian que je connais. Et au fond, deux gars que je n’avais jamais eu à voir. Je saluai toutes mes connaissances et mon frère m’emmena vers les deux visages qui ne me seraient plus inconnus longtemps.

Andréa je te présente Mattéo et Damien, des amis à moi ; commença mon frère. Les gars je vous présente Andrea, ma petite sœur.
Enchanté, commença Mattéo en me tendant sa main. Adrian nous parle sans cesse de toi ;
Tu m’en verras désolée de ne pas pouvoir en dire autant, désolée ! Dis-je avec un demi-sourire
Pas grave me répondit-il, un magnifique sourire au visage.
Salut ! C’est tout ce que Damien a dit depuis le début de la conversation.
Salut, répondis-je un sourire aux lèvres. Ravie d’avoir fait votre connaissance les gars, Mattéo et Damien. Dis-je en les pointant tour à tour du doigt
Nous de mêmes, répondit Mattéo. Mais s’il te plaît ne m’appelle plus Mattéo, Matt c’est plus simple ; Mattéo, on dirait que je suis un personnage médiéval.

Son commentaire me fit ricaner. Je voulais répondre quand mon frère, qui nous avait quitté un peu plus tôt revint me prendre par les épaules et déposa un long baiser sur ma joue.