Il faut sans doute se faire pincer pour oser croire qu’un né hier hier, comme qui dirait, pourrait avoir un tel postulat à l’endroit de l’une des musiques les plus mythiques au monde. DYZANGAI arrive en défenseur.
Au moment où une certaine jeune génération rivalise d’adresse pour cancaner loin des pâturages musicaux du berceau national, sous le prétexte scandaleux de la mort attribuée à ce fleuron musical, que d’autres font un chassé croisé intéressant entre différentes sonorités d’ici dans le mouvement du Mbolè, celui-ci s’amène avec ce qu’il convient de considérer comme un manifeste : “Makossa never die”.
À sa naissance, le 15 décembre 1994, au quartier Bilongue à Douala, “Soul Makossa” du légendaire Manu DIBANGO avait achevé depuis très longtemps, de donner à cette musique génératrice de tant de talents et prouesses, ses grandissimes lettres de noblesse, à l’échelle internationale.
Un certain Adolphe Claude MOUNDI dit Petit Pays commençait à régner sans partage sur l’échiquier musical national et à projeter dans le monde une nouvelle dimension de ce ce genre musical, avec son concept de Makossa love. FOGAING Charly aka Dyzangaï a été bercé par cette musique et guidé par de si somptueux référents, il ne pouvait assouvir son appétence pour ce noble Art, qu’en scandant si fièrement l’exceptionnelle résilience du Makossa.
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En réalité, il le dit avec des mots colorés de fierté, d’une voix fluette, aguicheuse, avec laquelle il distille une interprétation fabuleuse, qui se promène dans les registres vocaux de son idole Petit Pays, dans des techniques de chant actuelles du camer urban music. Quoi de plus normal que le choix de cette déclinaison de Makossa love pour dire haut et fort que le Makossa tout court n’est jamais die.
Dyzangai le défenseur
Il poursuit sa présence continuelle dans le Landerneau musical national et son rayonnement international, pour peu que ceux de la nouvelle génération s’imposerait l’obligation de s’en enrichir, et d’en enrichir toute tendance musicale qui gratte leur soif de succès. On peut dire, qu’à sa manière et de fort belle alors, Dyzangaï montre la voie à suivre.
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Lui-même est le fruit d’une accumulation d’efforts intrépides dans la débrouillardise au mboa. Il y est presque forcé, faute de moyens financiers suffisants pour assouvir une passion pour la musique qui s’est révélée à lui dès sa prime jeunesse. Il commet une première chanson alors qu’il est en classe de 3ème, qui le popularise dans son lycée à Foumbot, en plus de son goût pour la sape, qui lui valait déjà le surnom de “l’Homme du Dysaï”. Plus tard, quelques tentatives infructueuses d’intégrer des studios, l’obligeront d’aller se chercher dans le métier de bendskineur.
Il va naviguer dans ces eaux troubles de la débrouillardise, entre ce métier de circonstance et d’autres de commerçant, “attaquant” au marché derrière la friperie.
Ou encore à Ancien Troisième à Bonamikengue, Bonadibong à Douala. Il dut se forcer à y trouver son compte, à se fondre dans cette environnement, y cherchant pitance et ressources pour financer une carrière musicale qui peinait à prendre forme.
Une occasion de prester lors du mariage d’une relation dans ce milieu va achever de le convaincre de l’intérêt de nourrir définitivement sa passion dévorante pour la musique. Avec quelques économies constituées, il pouvait désormais entrer en studio, chez Tony Nobody pour cette première mixture rafraîchissante : “Makossa never die”.
Bien qu’on puisse déplorer la sobriété pour ne pas dire pauvreté orchestrale qui fait la trame rythmique de cette chanson, on peut néanmoins apprécier que cela fasse place à l’interprétation vocale du chanteur et à son groove charmeur.
Cela tient sans doute à la simplicité avec laquelle le beatmaker a voulu tisser le fil d’Ariane de la chanson, sur des notes pondérées en ritournelle, avec à peine une ou deux rupture sans grand renfort de contre-temps et ce, autour des vibrations lancinante d’une guitare rythmique qui remplit l’espace.
C’est vraiment un joli tour de passe passe entre le caractère tenu de l’instrumentation musicale. Et la présence assez massive du chant ; question certainement de faire plus de place au message envoyé. Il va de soi que Dyzangaï a fait honneur à ce patrimoine indémodable et indomptable qui a contribué significativement au rayonnement international du Cameroun et cela ne pouvait être que bien accueilli. En témoigne les réactions élogieuses à son endroit à la publication de ce titre sur la plateforme YouTube.
Vivement, que le succès accompagne ce digne défenseur de l’identité culturelle du pays, qui refuse de céder aux carillons de la division, du fait d’ectoplasmes ethniques ou à ceux du mépris à l’endroit de cet héritage somptueux à nous légué par nos illustres devanciers. Pas besoin de s’enjailler à la façon ivoirienne, il faut tout simplement ramener le Makossa au centre du mouvement et faire convoler en juste noces toutes les générations qui gravitent autour du riche patrimoine musical du mboa.
Merci encore à toi, Dyzangaï de le rappeler à tous : “Makossa never die”…
Écoutons Makossa never die :