
On ne peut pas dire qu’ils auraient pu être particulièrement amis, compte tenu, non seulement de leurs âges respectifs (Gervais était l’aîné de Maurice de quelque dix années), mais aussi de leurs obédiences politiques ( Mendo Ze est resté un fidèle du régime, même dans sa souffrance, Kamto est resté opposant dans l’âme, y compris pendant ses années de présence au sein du gouvernement. Ceux qui l’ont fréquenté à l’époque témoignent que toute attitude qui ait pu dénoter le contraire n’était que convenance et bienséance de la part d’un personnage bien élevé, mais n’a jamais été une affaire de conviction).
Et même s’il ne fait pas de doute que leurs chemins aient pu se croiser à l’ancienne université de Yaoundé où ces deux agrégés furent enseignants de Lettres pour le défunt Pr. Mendo Ze, et de Droit pour le Pr. Maurice Kamto, ou que lesdits chemins se soient effectivement croisés dans les allées du gouvernement où tous les deux sont entrés en 2004 en qualités respectives de ministre délégué auprès du ministre de la communication (Mendo Ze) et ministre délégué auprès du ministre de la Justice (Kamto), et peut-être un peu bien avant encore Quand Mendo Ze officiait aux commandes de la radiotélévision gouvernementale, la Crtv, et Maurice Kamto, à la tête du pool des avocats du Cameroun à la Cour Internationale de Justice de la Haye dans l’affaire de la presqu’île de Bakassi.
Mais voilà que le décès de l’ainé académique a réuni les deux hommes dans l’idée que le régime qui les a tous employés à un moment ou à un autre, et qui les a aussi emprisonnés pour des raisons diverses, était inhumain.
Maurice Kamto, celui des deux encore capable de s’exprimer, l’a fait savoir dans un post sur Facebook et Twitter dans lequel il a salué la mémoire du Professeur Mendo Ze, non sans dézinguer au passage leur ancien patron commun.
« Le Prof. Gervais Mendo’o Ze est mort en détention, dans l’indifférence inhumaine et froide d’un pouvoir qu’il a pourtant servi avec zèle. Au nom de la dignité humaine, on aurait pu laisser le défunt, qui était déjà dans un état végétatif, mourir entouré de sa famille. Les conditions du décès du Prof. Mendo Ze illustrent à souhait la vanité des choses, le cynisme et l’ingratitude du régime de M. Biya ainsi que la vacuité du repli tribal à partir duquel le pouvoir tient en otage notre peuple. Puisse le Prof. Mendo Ze reposer en paix! »,
a écrit dans son post samedi, le leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), qui affirme avoir « appris avec tristesse le décès du Prof. Mendo’o Ze, ancien membre du Gouvernement et ancien Directeur général de la CRTV ». « En mon nom personnel et au nom des militants et sympathisants du MRC, j’adresse à sa famille si durement éprouvée mes sincères condoléances », a affirmé l’ancien candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2018.