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epuis plus d’un an, un conflit oppose les deux principales instances du ballon rond, la Fécafoot et la LFPC. Résultat : les compétitions sont à l’arrêt.
Des footballeurs privés de compétition depuis le printemps, un chef d’Etat obligé de jouer les arbitres, des institutions internationales hors jeu… La crise qui touche depuis plusieurs mois le football camerounais n’en finit pas de s’enliser. En cause : le litige qui oppose la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) à la Ligue de football professionnel du Cameroun (LFPC).
Le conflit entre les deux instances remonte à octobre 2019. La Fécafoot avait suspendu la LFPC pour « violation grave et réitérée de ses obligations », lui reprochant notamment son mode de gouvernance. La fédération avait confié à un comité technique transitoire les compétences initialement dévolues à la ligue, ce que cette dernière avait contesté devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) en février 2020. Bien lui en a pris : le 14 septembre, la juridiction suisse, après avoir auditionné les deux parties, a ordonné le rétablissement de la LFPC dans ses prérogatives, une position réaffirmée le 20 novembre.
En dépit de cet arbitrage, la Fécafoot a décidé de maintenir sa décision de retirer à la ligue l’organisation des championnats de première et deuxième divisions, au motif que le mandat de son président – le très contesté général Pierre Semengue – et celui de la plupart des membres de son comité exécutif arrivaient à expiration. Tout juste a-t-elle consenti à ce que le général, qui a dépassé l’âge légal pour exercer son mandat (il a 85 ans), reste en fonction jusqu’à juin 2021.
L’intervention de Paul Biya
Mais entre-temps, la crise a gagné les terrains. Fin octobre, de nombreux clubs d’Elite 1, la première division, favorables à la fédération, ont voté la dissolution de la LFPC. Pourtant, le 1er novembre, un match organisé par la même LFPC, avec des arbitres étrangers au sifflet, s’est bien disputé à Yaoundé entre le Coton Sport de Garoua et la Panthère du Ndé. Courant novembre, la Fécafoot et la LFPC ont même envisagé d’organiser chacune leur propre championnat.
Face à l’absurdité de la situation, Paul Biya, le président camerounais, a dû demander au gouvernement de réunir les protagonistes pour trouver une solution. Sans réel succès pour l’instant. Alertée par cette situation inédite, la FIFA a quant à elle préconisé, début novembre, que les championnats professionnels reprennent sous l’égide de la fédération, faisant fi de la décision du TAS et oubliant que les fédérations membres doivent organiser les championnats professionnels par le biais d’organes disposant d’un statut juridique propre, c’est-à-dire les ligues.
« Il semble clair que la Fécafoot est principalement responsable de cette situation de blocage, alors que le TAS a rendu une sentence bien précise, confie une source au ministère des sports. L’Etat continue de s’investir pour arriver à une sortie de crise, mais nous demandons à la fédération et à la ligue d’être patriotes. » En observateur attentif, Joseph-Antoine Bell, l’ancien gardien de but des Lions indomptables, accuse la fédération d’être responsable de la crise : « Le TAS a rendu un verdict, la Fécafoot devrait s’y plier et le président de la République ne devrait pas avoir à intervenir. Ce serait plutôt à la FIFA de le faire, au nom de l’intérêt des joueurs. »
Des footballeurs « désemparés »
« La Fécafoot donne l’impression de vouloir contrôler le football professionnel et faire de la ligue un simple organe annexe », ajoute Jean-Samuel Biyong, journaliste à la Cameroon Radio-Télévision (CRTV). Mais la fédération ne manque pas de soutiens parmi les clubs, comme le rappelle Saint Fabien Mvogo, le président de l’Eding Sport de la Lékié : « Cela divise le football camerounais. Tout cela est déplorable et je pense que c’est à la Fécafoot d’organiser les championnats professionnels. La ligue a été dissoute par une majorité de clubs. »
Comme souvent quand un conflit oppose des instances dirigeantes, ce sont les joueurs qui en subissent les conséquences. Geremi Njitap, ancien milieu de terrain des Lions indomptables et du Real Madrid et président du Syndicat national des footballeurs du Cameroun, ne masque pas son exaspération : « La fédération comme la ligue sont coupables. A cause de problèmes d’égos, les joueurs, qui sont tout de même les premiers acteurs du sport, sont pris en otage et complètement désemparés. Ces dirigeants ne pensent qu’à eux. Le football, les joueurs ne les intéressent pas, c’est scandaleux. »
La brouille est d’autant plus malvenue que le Cameroun accueillera du 16 janvier au 7 février le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), une compétition réservée aux joueurs africains évoluant dans leur championnat national. « Les matchs n’ont pas repris, je doute qu’ils redémarrent rapidement et notre sélection nationale sera évidemment pénalisée puisque les joueurs manqueront de compétition. C’est regrettable pour l’image du Cameroun », déplore Geremi Njitap.
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